Castanet. Elle risque un an de prison pour avoir sauvé un faucon
Publié le 13/04/2013 à 03:47, Mis à jour le 13/04/2013 à 07:34 |
84 Majorie et le faucon qu'elle a recueilli. / Photo DR
Elle l'a appelé Gaïa. C'est un jeune faucon crécerelle que Marjorie Légier a ramassé un jour de février, après l'avoir vu se fracasser contre le pare-brise d'un camion.. «Je l'ai ramassé, assommé. Je l'ai porté chez le vétérinaire. On m'a dit qu'il n'avait rien de cassé.» Mauvais diagnostic. Gaïa ne bougeait plus, ne volait pas. Les radios d'un spécialiste, le docteur Feix décelèrent sept fractures. «Comme entretemps, tout s'était calcifié, il est désormais condamné à ne plus jamais voler.» Que faire d'un tel animal handicapé à vie ? Marjorie a remué ciel et terre pour lui trouver un refuge : «J'ai appelé la Ligue protectrice des oiseaux, la SPA, le centre de soins de Millau, le Rocher des aigles ; Partout, on m'a expliqué qu'il fallait euthanasier le faucon.»
Elle ne s'y résout pas et le garde chez elle, sur les hauteurs de Castanet. La nuit, elle l'enferme dans une cage à chien, le jour elle le laisse voleter dans la maison ou le jardin, sous le regard impassible des chats, Satanas et Themis.
Elle risque un an de prison
Le faucon crécerelle est une espèce assez répandue mais protégée et la législation à son sujet est très rigoureuse. Marjorie l'apprend à ses dépens quand elle sollicite la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). «On m'a clairement dit que je ne pouvais pas jouer les Mère Thérésa et que le fait de garder chez soi un animal protégé est passible d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende. J'ai eu un choc terrible.» Moral à zéro, touchée mais pas coulée, la jeune architecte d'intérieur veut se battre.
«Depuis ce coup de fil, j'ai peur. Mais j'ai décidé de m'organiser pour garder Gaïa à la maison. Je suis prête à passer un certificat de capacité (avec stage dans une animalerie) pour bien maîtriser tous les éléments. Je suis prête à aménager une grande volière dans mon jardin. Même si j'ai toujours respecté les lois, je veux sauver ce faucon de l'euthanasie.» Marjorie a trouvé un peu de réconfort du côté de Mme Camus qui a réussi à garder son sanglier Gaston, de Mme Putman qui a «sauvé» son perroquet. Tandis que Gaïa déguste ses deux poussins d'un jour quotidiens - «C'est horrible mais même ça, je l'ai fait pour lui» - , elle se démène pour lancer une pétition. «Mon conjoint, mes amis, mes voisins me soutiennent. Il doit bien y avoir assez de gens qui ont du cœur pour m'aider.»